Sept entrées portant sur des artistes du Québec

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Laperle, Marie-Philippe-Richard Banlier dit (p. 463)

Né le 7 février 1860 à La Prairie (Québec), décédé le 9 mars 1934 à Montréal. Sculpteur et professeur de sculpture. Marie-Philippe-Richard Banlier dit Laperle promettait de faire une longue et fructueuse carrière comme sculpteur statuaire, mais le sort en décida autrement. Établi à Montréal avec sa famille en 1878, Philippe Laperle fut d'abord teneur de livres et, en 1882, il entra comme apprenti à l'atelier du sculpteur Louis-Philippe Hébert. Dès 1882-1883, il suivit les cours de modelage et de sculpture sur bois offerts par son patron à l'école du Conseil des arts et manufactures à Montréal. En classe, il sculpta entre autres un cadre de miroir et une tête de Jeune Fille à l'oiseau. Il fit de rapides progrès car, de février 1884 jusqu'au printemps de 1887, il remplaça Hébert à la direction du cours de sculpture.

Lorsque Hébert alla s'installer à Paris en 1888, Laperle s'associa à son confrère d'atelier Joseph-Olindo Gratton* pour fonder la maison «Gratton & Laperle, artistes-sculpteurs». Occupant l'atelier de Hébert, au 34, rue Labelle, les deux amis exécutèrent certaines commandes d'abord confiées à leur ancien patron, tout en s'attirant une clientèle bien à eux. Le changement de direction a fait confondre quelques attributions, dont celle d'une Éducation de la Vierge qui orne la façade de la chapelle des Sœurs de Sainte-Anne à Lachine (Québec). D'abord commandée à Hébert, cette sculpture en cuivre repoussé sur bois lui est communément attribuée, bien qu'elle soit sortie de l'atelier de Gratton et Laperle à l'été de 1889 et que le plein paiement ait été versé à Laperle. La grande statue de saint Henri en cuivre repoussé sur bois qui se trouvait autrefois à l'église Saint-Henri-des- Tanneries (Montréal) est un autre cas marquant la transition : Gratton et Laperle l'exécutèrent en 1890 bien que cette œuvre ait d'abord été commandée à Hébert, et c'est à eux qu'on versa le plein paiement.

L'atelier fonctionna jusqu'en 1891 et produisit, outre les œuvres mentionnées plus haut, deux bas-reliefs en ciment pour l'église Saint-Henri-des- Tanneries, de même que des statues de bois, dont certaines recouvertes de cuivre, destinées l'une au petit séminaire de Sainte-Thérèse et les autres aux églises Saint-Christophe d'Arthabaska, Sainte-Dorothée de Laval et Saint-Jacques de Montréal, ainsi qu'à l'église de Sainte-Thérèse et à la chapelle Notre-Dame-de-Bonsecours (Montréal).

Après la dissolution de l'atelier, Philippe Laperle entra chez Alfred Lefrançois, au 5, rue Sainte-Julie à Montréal. La maison Lefrançois et Laperle, sculpteurs ornemanistes et modeleurs, fut ouverte de 1891 à 1899, au 7, rue Sainte-Julie, puis au numéro 5 1/2 de la même rue, chaque fois comme locataire de Napoléon Bourassa. Vers 1893-1894, l'atelier accueillit Elzéar Soucy, qui y travailla pendant trois ans.

La seule œuvre connue qu'ait réalisée Laperle pendant cette période est un ensemble de quatorze statues pour le couronnement du campanile de la chapelle Notre-Dame-de-Bonsecours (Montréal). F.-X.-E. Meloche dessina les plans de cette construction, laquelle est assise sur l'abside de l'ancienne chapelle. Selon La Presse (Montréal, 1er août 1892), Laperle de la maison Lefrançois et Laperle avait pour mandat de sculpter les statues, le gros de l'ouvrage étant confié à Chartrand et Coulombe.

Terminé le 3 août 1894, le programme décoratif comportait au début quatorze statues en cuivre repoussé sur bois, dont une colossale Vierge de Bonsecours, posée dès 1893 et qui remplaçait une Madone de Charles-Olivier Dauphin* hissée sur le chevet en 1848. Aux pieds de la Vierge de Laperle, il y avait huit anges adorateurs avec, de chaque côté, un ange à la trompette sur une tourelle, et sur le devant trois figures allégoriques représentant les vertus théologales. Aujourd'hui, il ne reste plus de ce monumental ensemble que la Vierge et quatre anges adorateurs sur un campanile raccourci, les autres composantes ayant été enlevées à cause de la détérioration des matériaux.

À l'origine, cet ensemble de statues rivalisait d'importance à Montréal avec les treize statues dont Gratton avait entrepris l'exécution pour la façade de la cathédrale Saint-Jacques-le-Majeur. À cause de sa taille et de son emplacement (dans le port de Montréal), la Vierge de Laperle rappelait d'autres Vierges accueillantes, par exemple Notre-Dame de la Garde à Marseille et Notre-Dame de Fourvière à Lyon (Rhône), de même [que1] la gigantesque Notre-Dame du Saguenay, du cap Trinité (Québec), construite par Louis Jobin en 1881.

Contre toute attente, Philippe Laperle sombra ensuite dans l'anonymat. En 1896, l'atelier Lefrançois et Laperle connut des difficultés économiques, et Alfred Laliberté se souvint plus tard d'un Laperle qui »crevait de faim« vers 1898, ajoutant qu'il fabriquait probablement des chevaux de bois que les selliers utilisaient pour exposer leur marchandise. Entre 1908 et 1918, Laperle en était réduit à réaliser des patrons. Veuf, il mourut en 1934. En 1987, le Musée du Québec acquit une œuvre de Gratton et Laperle, soit le Saint Henri de l'église Saint-Henri-des-Tanneries.

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© Musée du Québec / Presses de l'Université Laval, 1992.

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