Sept entrées portant sur des artistes du Québec

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Desmarais, Rose-Anna (Sœur Jérôme de la Croix)
(p. 235 et 236)

Née le 20 mai 1882 à Saint-Marc-sur-Richelieu (Québec), décédée le 17 juin 1953 à Outremont (Québec). Peintre, professeur de beaux-arts el religieuse. Rose-Anna Desmarais, en religion sœur Jérôme de la Croix, a fait une carrière artistique d'une envergure à laquelle presque seules les religieuses, parmi les femmes de langue française, au Québec et ailleurs au Canada, pouvaient aspirer jusque vers 1950. En effet, pendant longtemps, la majorité des Canadiennes françaises ne pouvaient envisager de faire une carrière d'artiste peintre que dans le cadre d'une vie en communauté. Les grandes communautés de femmes ont encouragé leurs membres à utiliser leurs talents. Certaines ont formé leurs artistes. Le but était de satisfaire les besoins internes, d'enseigner ou d'assurer quelque autre revenu à la communauté. Rose-Anna Desmarais a satisfait tous ces besoins de façon exceptionnelle.

Enfant, elle bénéficia d'une courte leçon de dessin du peintre Ozias Leduc. Elle entra chez les Sœurs des Saints-Noms de Jésus et de Marie à Hochelaga (Montréal) en 1901, Elle prononça ses vœux perpétuels le 28 août 1908. À Hochelaga, elle étudia les arts avec sœur Marie-Eustochium (V. Artémise Hébert*) de 1903 à 1904. Elle continua sa formation auprès de sœur Louise de Savoie (V. Antoinette Tellier*) à la procure de la communauté, rue de Lagauchetière à Montréal en 1905-1906.

En 1906, on l'envoya à Valleyfield, où elle enseigna à l'école Sainte-Cécile. Le soir, elle donnait des leçons de dessin et de peinture au pensionnat. Puis, on lui confia le studio et les cours de dessin à l'école normale de Valleyfield. Elle fut ensuite professeur d'art à Windsor (Ontario, 1914-1917), à Valleyfield (1917-1918) et au pensionnat d'Outremont (1918-1952). Elle compta parmi ses élèves des jeunes filles, des dames, et des artistes religieuses de sept communautés canadiennes. Parmi les sœurs de sa communauté, elle enseigna à sœur Marie-Philippine (V. Germaine Bérard*) vers 1918.

Chemin faisant, elle chercha un complément de formation auprès de professionnels. À l'Université de Montréal, elle suivit un cours d'histoire de l'art offert probablement par Jean-Baptiste Lagacé. Pendant l'été, elle s'inscrivit à des cours d'art à l'École des beaux-arts de Montréal, ainsi qu'aux écoles spécialisées de Detroit (Michigan) et de Chicago (Illinois). Lors d'un séjour d'une dizaine de mois en Europe en 1926-1927, elle eut la chance de prendre quelques leçons de »maîtres«, dit-on, à Florence et à Rome.

La première œuvre que sœur Jérôme de la Croix destina à une clientèle externe date de 1910. Il s'agit d'une Madone peinte pour l'évêché de Valleyfield, tableau dont elle sculpta elle-même le bois de l'encadrement. Au cours de ses quarante ans de carrière, elle produisit près de six cents œuvres, dont des compositions religieuses, des portraits, des études et croquis, des exemples de modelage, de peinture sur porcelaine, des étains et des cuivres repoussés.

En dehors des maisons de sa communauté, les œuvres de sœur Jérôme de la Croix se retrouvent un peu partout au Québec, en Ontario, dans l'Ouest canadien et aux États-Unis. Ainsi la cathédrale de Grouard (Alberta), l'hôpital St. Mary's à Troy (New York), l'hospice des Sœurs Grises à Woonsocket (Rhode Island), le séminaire polonais de Detroit, et l'église de Crowley (Louisiane) possèdent de ses œuvres. Souvent la religieuse fit des tableaux de très grandes dimensions. Ainsi, entre 1912 et 1915, elle réalisa sept tableaux, mesurant environ trois mètres sur cinq chacun, pour la cathédrale de Valleyfield, temple incendié en 1933, une Descente du Saint-Esprit, d'environ quatre mètres sur six, pour l'église du Saint-Esprit à Québec, et un tableau d'environ trois mètres sur six pour la chapelle du Séminaire Saint-Paul à Ottawa.

L'église Notre-Dame de Montréal avait acquis un Christ en croix, qui fut détruit en 1978 dans l'incendie de la chapelle du Sacré-Cœur, mais on voit toujours dans l'église une Immaculée Conception et un Couronnement de la Vierge (1933).

Sœur Jérôme de la Croix signait rarement ses compositions tout comme d'ailleurs la plupart des décorateurs d'églises à l'époque. Se distinguent toutefois de ses nombreuses copies, une toile montrant Les Mères fondatrices recevant du père Allard le livre des Constitutions, et une Mère Marie-Rose dans la gloire, tableau réalisé en vue de la béatification de la fondatrice de la communauté. Ces toiles sont conservées à la maison mère des Sœurs des Saints-Noms de Jésus et de Marie, à Outremont, dont les murs sont d'ailleurs tapissés de ses œuvres.

La production de sœur Jérôme de la Croix se rapprocherait, dans le monde laïc, de celle d'un Louis-Eustache Monty.

Sœur Jérôme de la Croix peignit d'après Frünstein (?) une Annonciation pour l'église d'Oka (Québec). La bénédiction de l'œuvre eut lieu le 15 octobre 1933. Elle soumit La Pêche à la truite au Concours national de dessin de Trois-Rivières en 1936.

MAURAU57 - MOMORIBC - SNJMLOND

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© Musée du Québec / Presses de l'Université Laval, 1992.

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