Cinquante-deux entrées portant sur des artistes francophones
de l’Ouest canadien
Bernard Mulaire, dans David Karel, Dictionnaire des artistes de langue française en Amérique du Nord, Québec, Musée du Québec / Presses de l'Université Laval, 1992 (963 pages)
imprimerMollot, Fortuné (p. 576)
Né à Lyon en 1845, décédé à Saint-Boniface (Manitoba) en 1923. Peintre. Fortuné Mollot émigra à Fannystelle (Manitoba) en 1889 avec sa famille. La colonie française de Fannystelle, fondée grâce à la générosité de la comtesse Marthe d'Albuféra, vit le jour à la même époque que celle de la Pipestone en Saskatchewan, laquelle attira le comte de Beaulincourt*, le vicomte Alphonse de Seyssel* et le comte Henri de Soras*.
Fils de commerçant, Fortuné Mollot s'était résigné à adopter le métier de son père, mais, devenu paraplégique après une chute de cheval en 1868, il put revenir à ses premières amours, soit la peinture. Au Petit Séminaire des Minimes à Lyon, il avait suivi pendant un an un cours de dessin donné par le peintre Pierre Bonirote (1811-1891), professeur à l'École des beaux-arts de Lyon. Durant sa convalescence, lorsqu'il put se déplacer plus failement, Fortuné Mollot passa quelques mois dans l'atelier de Louis Guy, à Lyon (probablement Jean-Baptiste-Louis Guy, 1824-1888, peintre, aquafortiste et sculpteur). Il fréquenta ensuite avec assiduité le Salon annuel de peinture organisé par la Société des amis des arts de Lyon. L'artiste y aurait envoyé une toile chaque année.
Ses compositions sont aujourd'hui peu connues. D'un séjour à Saint-Pierre d'Albigny (Savoie) en 1882, il rapporta plusieurs croquis. Par ailleurs, Noël Bernier, dans Fannystelle (Saint-Boniface. Société historique de Saint-Boniface, 1939, p.48), qualifia l'artiste de «peintre paysagiste de la meilleure école française )». Généreux, Mollot céda plusieurs toiles à une loterie pour venir en aide aux œuvres de la paroisse de son village adoptif, et il peignit même une fresque pour le chœur de l'église (incendiée en 1912).
À Lyon, il s'était amusé à faire du théâtre à la maison avec ses amis, et il avait goûté les spectacles présentés au Grand Théâtre. En outre, toute sa famille s'adonnait aux arts. En effet, sa femme était musicienne et sa fille aînée Gabrielle reçut des leçons de piano d'Antoine Rubenstein. De plus, la résidence des Mollot à Fannystelle fit fonction de cénacle pour les amateurs de littérature et de musique, et la famille, installée à Saint-Boniface et à Winnipeg, s'intégra au groupe d'amateurs de théâtre français. Les répétitions de la première pièce offerte par le Club dramatique de Winnipeg en 1910 (La Petite chocolatière de Paul Gavault) eurent lieu chez les Mollot. René Brun* en était l'animateur, et Pauline Boutal y tint son premier rôle. Une des filles de Mollot prit la route d'Hollywood avec un mari acteur, et leur fille, Yolande Dolan, a joué dans quelques films d'Arthur Bank.
Fortuné Mollot a laissé un manuscrit qui mériterait d'être publié, Mon Passage dans la vie. Impressions et souvenirs (1912), dont copie fut déposée aux archives de la Société historique de Saint-Boniface. On y admire la main d'un calligraphe et une grande facilité d'expression. Les descendants de l'artiste à Winnipeg et en Ontario conservent de lui des tableaux de genre datant de 1884 environ, et des paysages.
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© Musée du Québec / Presses de l'Université Laval, 1992.
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