Cinquante-deux entrées portant sur des artistes francophones
de l’Ouest canadien
Bernard Mulaire, dans David Karel, Dictionnaire des artistes de langue française en Amérique du Nord, Québec, Musée du Québec / Presses de l'Université Laval, 1992 (963 pages)
imprimerPetitot, Émile-Fortuné-Stanislas-Joseph (p. 630 et 631)
Né le 3 décembre 1838 à Grancy-le-Château (Côte-d'Or), décédé le 13 mai 1917 à Mareuil-lès-Meaux (Seine-et-Marne). Peintre, dessinateur, géographe, anthropologue, linguiste et missionnaire. Émile-Fortuné-Stanislas-Joseph Petitot, fils d'horloger, apporta une contribution de premier rang à la science, de même qu'à l'évangélisation des peuples autochtones du Grand Nord canadien, où il fut en outre l'un des premiers artistes de tradition européenne. Il avait fait ses études classiques à Marseille, et était entré en 1860 au noviciat de Notre-Dame-de-l'Osier, dirigé par les missionnaires oblats de Marie-Immaculée. Il y prononça ses vœux perpétuels le 10 octobre 1861, et fut ordonné prêtre à Marseille l'année suivante.
La carrière missionnaire du père Petitot dans l'Arctique canadien (district du Mackenzie) fut longue et mouvementée. De 1862 à 1864, il vécut à Fort Providence, puis fut envoyé à Fort Good Hope (1864-1873), d'où il desservait Fort Resolution, Fort Rae, Fort Mcpherson, Fort Norman et Fort Simpson. Durant cette période, il partait souvent en voyage d'exploration, et en 1870, il se rendit jusqu'au Yukon.
La décennie suivante fut tout aussi remplie. Il se reposa d'abord au lac La Biche (Alberta) en 1873-1874, puis il effectua avec le père Émile Grouard* un voyage en France où il fit publier plusieurs de ses écrits. Après son retour en 1876, il séjourna successivement à Fort Good Hope, à Cold Lake (Alberta) et à Saint-Jean-de-Dieu (Québec). En 1883, la maladie l'obligea à rentrer définitivement dans son pays, puis à obtenir une dispense de ses vœux en 1886. Après avoir repris ses forces, il assuma la cure de Mareuil-lès-Meaux comme prêtre séculier, de 1886 jusqu'à sa mort en 1917.
Les travaux scientifiques du père Petitot lui attirèrent une renommée internationale. On cite parmi ses principaux ouvrages un Mémoire abrégé sur la géographie de l'Athabaskaw-Mackenzie et les grands lacs du bassin arctique de l'Amérique (Paris, s.éd., s.d.), un Dictionnaire de la langue Dènè-Dindjié (San Francisco, 1876) et un Vocabulaire français-esquimau (Paris, 1876).
Comme le jésuite Nicolas Point*, il illustra certaines de ses publications de gravures d'après ses propres dessins. Par exemple, Quinze ans sous le cercle polaire, Mackenzie, Anderson, Youkon (Paris, 1889) est orné de paysages tel que La Montagne-qui-trempe-à-l'eau et les Boucanes du Mackenzie ainsi que d'un portrait, Francis Sida-Bénihaï, Dènè Kha-tra-Gottiné, et son ouvrage Exploration de la région du Grand lac des Ours (Fin des Quinze ans sous le Cercle Polaire) (Paris, 1893) contient plusieurs compositions, dont une Chasse au renne dans la steppe du Renne blanc.
Certains journaux et périodiques reproduisirent également des illustrations du père Petitot, par exemple L'Opinion publique (Montréal, 14 juin 1877) et plus récemment la revue The Beaver (reprenant certaines gravures qui ornaient Les Grands Esquimaux, Paris, 1887).
Comme peintre de sujets religieux, le père Petitot aurait surtout puisé dans des chromos, mettant ses talents de copiste au service d'églises le long de la rivière Mackenzie. On lui doit notamment la riche ornementation de l'église de Fort Good Hope qu'il réalisa de 1877 à 1879. Complété par le frère Julien Ancel*, ce programme décoratif comprend plusieurs grands tableaux ainsi qu'un maître-autel ouvragé, et comme l'avait voulu son concepteur, l'ensemble témoigne d'un souci d'adaptation à la population autochtone. En effet, dans une lettre à son évêque datée de 1877, le père Petitot exprimait entre autres son intention de donner à ses anges des physionomies amérindiennes au lieu des traits blonds habituels.
En 1975, le gouvernement du Canada soulignait la contribution du père Émile Petitot au développement du Grand Nord canadien et présentait à la population de Mareuil-lès-Meaux une plaque dédiée à sa mémoire. D. Savoie publia un article sur Petitot dans la revue Nord (Ottawa) en novembre et décembre de la même année.
CAROMI76 - FREMON80 - HARPER69? - HARPER70 - OMIOTARD - PPBEAVER (1977.10-12) 26-27; (1983.10-12) 60; (1984.07-09) 53-54; (1985.07-09) 53-55
© Musée du Québec / Presses de l'Université Laval, 1992
Toute reproduction ou adaptation est interdite sans l'autorisation de l'éditeur. Les citations doivent indiquer la source.