Le portrait de Louis Riel par l'abbé Joseph Chabert : à la croisée des destins
Bernard Mulaire, Site Web de la Société historique de Saint-Boniface (SHSB), section «Au pays de Riel», 7 juin 2018. (Repris dans les Cahiers franco-canadiens de l’Ouest, vol. 32, no 1 (2020), p. 191-204.)
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L’abbé Joseph Chabert (1831-1894) et Louis Riel (1844-1885) sont, chacun à leur manière, des personnages canadiens notoires du XIXᵉ siècle. Leurs parcours se sont croisés en 1885 quand Chabert dessina un portrait de Riel.
Louis Riel
Nul besoin de présenter Louis Riel, surtout sur le site Web de la Société historique de Saint-Boniface / Centre du Patrimoine.
Riel, élève de Mgr Taché; protégé par la famille Masson de Terrebonne au Québec; président du gouvernement provisoire qui mena à la fondation du Manitoba; exilé; chef des Métis à Batoche; illuminé; humilié, martyr et pendu, Riel demeure une figure emblématique de l’histoire canadienne.
Emblématique, mais controversée jusqu’à aujourd’hui. Rappelons la saga des monuments érigés à sa mémoire dans les jardins du palais législatif du Manitoba, en premier lieu celui expressionniste de Marcien Le May, qu’on a remplacé avec force brouhaha médiatique par celui conventionnel de Miguel Joyal. En 2017, l’essai de Jean-Pierre Dubé (Évangile de Louis Riel) et le roman de Maia Caron (Song of Batoche) ont bousculé les discours officiels.
L’abbé Joseph Chabert
L’abbé Joseph Chabert, décédé en l’asile psychiatrique de Longue Pointe à Montréal, ne jouit pas de la notoriété de Riel, sinon dans les cercles avisés de l’histoire de l’art québécois. Français de naissance, formé aux beaux-arts, il accéda au rang clérical de sous-diacre – sans jamais le dépasser – dans la Congrégation de Sainte-Croix. Attiré dans le Rupert’s Land par Mgr Henri Faraud, O.M.I., avec un groupe de missionnaires, il se retrouva au Bas-Canada d’abord en tant qu’aide au professeur de dessin au Petit-Séminaire de Sainte-Thérèse, puis au collège Masson à Terrebonne avant d’entrer au collège des oblats à Ottawa.
Par après, Chabert consacra toute sa vie à l’enseignement des arts – avec visées morales -- en ciblant non seulement la classe « élevée », mais aussi la classe ouvrière. En pleine révolution industrielle, cette dernière se devait de connaître le dessin, à défaut de le maîtriser. Sculpteurs sur bois et sur pierre, menuisiers-ébénistes, plâtriers, ferblantiers, tous devaient posséder une connaissance des arts et des sciences appliqués à l’industrie.
Chabert créa et dirigea une école d’art nommée L’Institut National (ou L’Institution Nationale) des Beaux-Arts, Sciences, Arts et Métiers, et Industrie qui exista avec intermittences d’abord à Ottawa en 1866, puis à Montréal de 1871 à 1887. En 1874, son école avait reçu la visite de Lord et Lady Dufferin. Ainsi Chabert concurrença-t-il l’école provinciale du Conseil des Arts et Manufactures, la sienne affichant la particularité d’offrir une introduction aux pratiques raffinées des beaux-arts conforme à l’enseignement académique dispensé à Paris. Le prospectus de l’Institut/Institution comprenait non seulement des cours de dessin, mais aussi de gravure, de peinture, de sculpture et d’architecture, en plus des sciences et des mathématiques.
Le personnel enseignant de l’Institut/Institution compta, à une époque ou une autre, outre Chabert et autres professeurs, les artistes Luigi Capello, Ernest Cleff (peut-être un ancien camarade de classe aux beaux-arts à Paris), W. Lorenz (ou Lorens), François-C. van Luppen et le graveur Rodolphe Bresdin. Auparavant, en France, ce dernier avait initié aux arts Odilon Redon qui allait atteindre des sommets dans le monde artistique. À Montréal, plusieurs artistes québécois sont réputés avoir été les élèves de Chabert.
De l’activité artistique de Chabert, il n’a filtré que peu de choses. Il a conçu les catafalques de Sir Georges-Étienne Cartier et de l’industriel Jean-Baptiste Prat (dit John Pratt). On lui connaît aussi des modèles pour l’enseignement du dessin, quelques modelages et deux aquarelles : une nature morte au lapin (Musée de la civilisation à Québec) et une composition avec plantes et oiseau. Celle-ci a été offerte récemment sur le marché de l’art américain (Singer Galleries, Seattle, WA). Enfin, compte-t-on son portrait de Louis Riel.
Le portrait de Louis Riel
Tous les événements impliquant Riel dans les Territoires du Nord-Ouest ont été suivis avec émotion au Québec. Les journaux tels que les quotidiens La Minerve et La Presse, et les hebdomadaires L’Opinion publique, Le Monde Illustré et Canadian Illustrated News en rapportèrent les faits, illustrations à l’appui. Le chef des Métis était vu au Québec canadien français et catholique comme un « martyr canadien » victime des Orangistes fanatiques ontariens. Sa pendaison à Regina le 16 novembre 1885 créa l’indignation au Québec, rapportée dans la presse avec des illustrations du moment fatidique.
C’est dans ce contexte que La Presse offrit en vente à ses lecteurs, dès le 21 novembre 1885, un livre intitulé LOUIS RIEL, MARTYR DU NORD-OUEST. À la même occasion, La Presse mettait en vente un portrait lithographié de Riel qui reproduisait un dessin de l’abbé Chabert. Le quotidien incitait les acheteurs à les « conserver en vue des luttes à venir ». L’article mérite d’être cité au complet vu la charge politique qu’il revêt :
« LA PRESSE publiera mardi sous ce titre, un beau volume, édition populaire, illustré de nombreuses gravures inédites.
« C’est une œuvre historique d’un puissant intérêt.
« Elle relate tous les faits qui ont précédé et suivi l’insurrection : elle suit les différentes phases du procès de Riel; elle retrace les efforts faits pour le sauver, les odieuses manœuvres des traitres qui l’ont pendu, la mort héroïque du martyr canadien.
« C’est un livre que tous les patriotes voudront lire, un document d’histoire indispensable à conserver en vue des luttes à venir.
« LA PRESSE a voulu mettre ce volume populaire, à la portée de toutes les classes. Il sera vendu au prix de dix cents seulement.
« Pour perpétuer la mémoire de Riel, parmi la population canadienne, LA PRESSE a fait également reproduire le superbe et artistique portrait au crayon de Riel par l’abbé Chabert, l’éminent professeur de dessin, qui a été exposé cette semaine dans nos vitrines.
« Cette gravure, publiée en grandeur naturelle, qui représente une valeur de plus de deux piastres, sera offerte au public dès lundi, au prix de dix cents.
« Messieurs Poirier, Bessette & Cie, fermiers de la circulation de LA PRESSE, sont chargés de la vente de ces deux publications d’un caractère véritablement exceptionnel.
« Les dépôts de LA PRESSE et les librairies, qui voudront le (sic) vendre, sont priés de donner immédiatement leurs commandes. Ces commandes sont strictement payables d’avance.
« S’adresser au bureau de LA PRESSE, 1510 rue Notre-Dame. »
…
La Presse faisait la promotion de la lithographie dans ses pages deux jours plus tard le 23 novembre sous l’intitulé « LOUIS RIEL » suivi de « MARTYR DU NORD-OUEST ». L’accent était mis sur le « lugubre et monstrueux procès », les « griefs du peuple canadien-français », les « longues spoliations dont les Métis du Nord-Ouest ont souffert, la revendication de leurs droits par Riel (…), les scandales judiciaires de Regina, les dénis de justice (…), le deuil national qui a suivi la mort du martyr canadien-français (…) »
Vendu apparemment à 50 000 exemplaires dès la première semaine, le portrait lithographié voulait assurer la mémoire de Riel « dans l’esprit (des) enfants » « des familles canadiennes ».
Le portait lithographié (ou gravure) représente Riel en buste, la tête penchée vers son épaule gauche. Il porte une veste qui rappelle celle des zouaves pontificaux, soldats de la papauté. Ce vêtement est incongru, parce qu’en mars 1885, Riel avait proposé sa nouvelle religion qui lui donnait préséance sur le pape. Au cou, Riel arbore la corde de son supplice et sur sa poitrine, une petite croix, symbole du christianisme, de la vie éternelle de l’âme. À la boutonnière, on aperçoit un bouquet d’immortelles.
Au bas de l’image paraît le poème suivant :
« Ah! l’immortalité quand le juste succombe
« Comme un astre naissant se lève sur sa tombe.
« (Hoc Immortalitatis signum illi populus dedit.)
« Ce symbole (fleurs d’immortelles) de l’immortalité, c’est le peuple qui le lui a posé sur le cœur.
« Non, il n’était pas fou celui qui prit les armes,
« Pour réveiller enfin ses maîtres endormis;
« Qui, pour fuir de la faim les cruelles alarmes,
« Résolu, défendit les siens et ses amis.
« Pour détruire les liens d’une cruelle corde
« À l’innocent exécuté,
« Tout un peuple s’accorde,
« À le parer des fleurs de l’immortalité. »
Quel spécialiste décortiquera ce poème? À tout le moins, notons que son auteur avait des lettres, comme Chabert en avait. Ce dernier n’offrait-il pas des cours privés de latin, grec et littérature française? Et n’avait-il pas rédigé le quatrain qui orna les banderoles distribuées après le décès de Sir G.-É. Cartier? Une recherche sommaire y trouve des extraits du théâtre classique, dont Attila de Corneille (Note 1).
La première strophe du poème qui paraît sous le portrait de Riel se lit comme suit : « Ah! l’immortalité quand le juste succombe / Comme un astre naissant se lève sur sa tombe ». Elle reprend un échange entre Œdipe et Antigone quand, dans la pièce Œdipe à Colone de Jean-François Ducis (1733-1816), présentée à Paris en 1797, Œdipe dit à sa fille : « Va, l’immortalité quand le juste succombe / Comme un astre naissant se lève sur sa tombe. »
Par la suite, il faudrait trouver la source de la phrase latine (s’agirait-il d’une inscription sur un monument érigé à la mémoire de quelque héros romain? – cf. Pierre Quesnel), cependant que les termes « ses maîtres endormis », « cruelles alarmes », « il n’était pas fou », « parer de(s) fleurs », et les nombreuses évocations de l’immortalité renvoient à la grande littérature. Encore que la notion de « peuple » exprime l’hommage dû au martyr.
L’accumulation de symboles distingue le portrait de ceux qui l’ont précédé. « Elle met Riel hors du temps, lui donne une pose hiératique pour le mettre dans la sphère des martyrs, des saints. Grâce à Chabert, Riel entrait dans la légende » (dixit feu André Laberge). On pourrait ajouter à ces propos que Chabert a donné à Riel une allure christique.
Certes, La Presse avait révélé que la lithographie reproduisait un dessin réalisé par Chabert tel qu’exposé dans ses vitrines. L’abbé était donc l’auteur du dessin source, mais était-il l’auteur de la lithographie? Ce n’est d’ailleurs pas La Presse qui obtint les « Droits de Propriété Littéraire et Artistique » au Bureau du Ministère de l’Agriculture du Canada le 25 novembre 1885 sur le « Portrait lithographié de Riel », mais Poirier, Bessette & Cie. Ceux-ci étaient les agents de La Presse. Au bas du portrait lithographié, ils s’attribuent le mérite de l’avoir publié (Note 2).
Mène à confusion le fait que la lithographie porte une signature indéchiffrable, sans doute celle du graveur. Au Musée McCord de Montréal, on a cru y déceler le nom Acary Aunay alors qu’à Bibliothèque et Archives Canada à Ottawa, on a pensé voir Acary Onnay.
Acary Aunay ou Onnay n’a laissé aucune autre trace dans le monde des arts. S’agirait-il d’un pseudonyme utilisé par Chabert? Acary et Aunay sont des noms propres français, Acary étant un patronyme et Aunay, le nom de plusieurs lieux en France. On connaît entre autres Aunay-sur-Odon. Parfois trouve-t-on sur le Web ces deux noms mentionnés dans un même contexte. On ignore toujours ce que ces deux noms ont pu signifier pour Chabert.
Quant à la variante Onnay, on n’en sait davantage, sinon qu’il s’agit de lieux dans le Poitou et au Japon, ainsi que d’un prénom ou nom au Bangladesh et en Indonésie… Qu’à cela ne tienne, l’auteur de ces lignes y voit plutôt Acery… et peut-être Omay… Osnay? Le mystère perdure.
Le portrait lithographié serait-il l’œuvre d’un employé de l’atelier où il a été produit, soit la George Bishop Engraving & Printing Co. de Montréal? Chose sûre, l’atelier ne comptait pas d’employé portant un nom apparenté, du moins ceux qui ont été répertoriés par le Lovell’s Montreal Directory des années 1883 à 1887. Et le graveur ne peut être Rodolphe Bresdin car ce dernier est décédé le 11 janvier 1885. À moins que le graveur ait été la nièce de Chabert prénommée Anthony, apparemment directrice de son école en 1877-1879. Anthony = Acery Aunay… Quien sabé?
Seule lueur d’espoir : selon David Karel, signataire du Dictionnaire des artistes de langue française en Amérique du Nord, le Parisien A. Auray enseigna le dessin de 1847 à 1850 à Pittsfield (Massachusetts).
Autre mystère : quelle photo aurait servi de modèle au dessin original de Chabert? L’auteur de ces lignes ne l’a pas trouvée, mais notons que la lithographie fait écho au portrait de Riel qui illustre le volume Louis Riel, Martyr du Nord-Ouest mis en vente parallèlement à la lithographie et rappelle le portrait qui paraît dans l’ouvrage de Riel intitulé L’Amnistie, Mémoire sur les causes des troubles du Nord-Ouest publié en 1874.
Apportons les précisions suivantes : on présume que toute gravure d’un portrait aurait été faite à partir d’une photo du sujet, alors qu’une scène événementielle était une reconstitution, surtout si l’artiste n’avait pas assisté à la scène. Le nom de Chabert est associé au dessin original. La lithographie en est une reproduction ou duplication que l’on suppose intégrale. Par contre, le nom de Chabert n’est pas associé au portrait de Riel qui paraît dans Louis Riel, Martyr du Nord-Ouest.
Inconnues encore sont les raisons pour lesquelles l’abbé Chabert a participé à l’hommage rendu à Riel. Le cercle social de l’abbé admirait évidemment Riel. Cela réveillait peut-être en Chabert l’intérêt que, jeune homme, il avait porté pour le Nord-Ouest. De plus, comme il avait toujours été à la recherche d’appuis pour ses projets, peut-être y a-t-il vu une validation.
Toute sa vie, il avait promu ses activités. Tantôt rédigea-t-il des brochures sur le dessin, ainsi que sur le présent et l’avenir des beaux-arts au Canada. Tantôt, il voulut créer un journal voué aux intérêts de la classe ouvrière. Il prononça discours et conférences, exposa les œuvres de ses élèves au bénéfice d’une délégation française et envoya des exemples de leurs travaux à la Colonial and Indian Exhibition de Londres (1886). Couronnement : son envoi remporta une médaille et un diplôme. De plus, Chabert avait publié un texte faisant l’éloge du Dr J. A. Crevier, paléontologiste, qui enseigna à l’Institution. Une étude reste à faire sur les adhésions politiques de Chabert, mais on les devine éclectiques vu ses accointances variées.
Le dessin original réalisé par Chabert a disparu. Du portrait lithographié, produit apparemment à au moins 50 000 exemplaires, il n’en reste qu’un à Bibliothèque et Archives du Canada, un au Musée de la civilisation à Québec et deux au Musée McCord.
Le Riel de Chabert / Acary Aunay/Onnay a été exposé à quelques reprises, tout en étant publié que peu souvent (Note 3).
Dès 1885, l’ouvrage Louis Riel, Martyr du Nord-Ouest publié par La Presse contenait une illustration faisant voir Riel sur le gibet. Signée J. Lecomte, dont on ne sait rien, cette gravure illustrait en mars 1886 un placard paru dans L’Électeur, journal libéral publié à Québec. Ce journal proclamait : « Peuple, rappelle-toi les traitres ».
Outre les illustrations journalistiques, la première caricature montrant Riel corde au cou a paru le 30 mai 1885 (avant donc les événements) dans Le Canard, journal hebdomadaire illustré publié à Montréal.
L’auteur du présent texte a commis pareil outrage en 1968 dans le Manitoban, hebdomadaire des étudiants de l’Université du Manitoba. Suivront les caricatures bien connues de Frank Edwards vers 1992 et Aislin en 1998.
La vie fait drôlement les choses. Jamais, à n’en pas douter, Riel et Chabert ont-ils imaginé que leurs destins se croiseraient. Cela vaut pour l’auteur de ces lignes qui allait en témoigner.
Quelques sources
- Bibliothèque et Archives Canada, dossier Chabert.
- Karel, David, Dictionnaire des artistes de langue française en Amérique du Nord, Musée du Québec / PUL, 1992.
- Laberge, André, conversation téléphonique, 13 juin 1987.
- Lacroix, Laurier, « Le séjour montréalais du graveur français Rodophe Bresdin, 1873-1877 », Les Cahiers des dix, nº 60 (2006).
- Larivière-Derome, Céline, « Un professeur d’art au Canada au XIXe siècle : l’abbé Joseph Chabert », Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 28, nº 3 (décembre 1974).
- Mulaire, Bernard, Caricatures, Saint-Boniface, Les Éditions du Blé, 2016.
- Musée de la civilisation, Québec, dossier Chabert.
- Musée McCord, dossier Chabert et La famille McCord : Une vision passionnée, 1992.
- Quesnel, Pierre, courriel, 9 mai 2018.
- Robitaille, Marie-Paule, « La mise en valeur de l’objet dans l’exposition (L’objet Riel) », Riel et les Métis canadiens, actes du colloque de la Société historique de Saint-Boniface tenu les 15-16 novembre 1985, Centre d’études franco-canadiennes de l’Ouest, 1990.
Notes
Note 1
« L’abbé Joseph Chabert » a publié en 1878 un poème comportant neuf strophes intitulé « L’Ange du foyer ». Ce poème a paru dans le mensuel Annales du culte de Saint Joseph et de la Sainte Famille, Saint-Dizier (Haute-Marne), Henri Briquet, 1878, aux pages 496 et 497 du numéro d’Octobre :
« L’Ange du foyer »
de Joseph Chabert
de Joseph Chabert
Près de chaque foyer un Génie invisible Se tient, accomplissant les volontés de Dieu : Il écarte les traits d’un ennemi nuisible Dont la fureur nous poursuit en tout lieu.
Il veille sur nos champs et sur notre demeure; Contre l’intempérie il défend nos moissons. Et, lorsque du sommeil la nuit ramène l’heure, Il veille encor sur nous et nos maisons.
Lorsque la foudre gronde et le vent s’amoncelle, Cet ange alors redouble et de soins et d’ardeur : Il couvre la famille à l’ombre de son aile, De la tempête il éloigne l’horreur.
Lorsque l’airain sonore, au clocher du village, Annonce qu’au foyer un nouvel hôte est né, L’ange alors monte au ciel porter l’heureux message, Puis il revient sous le toit fortuné.
Il vient près du berceau partager la tendresse Qu’une mère a vouée à son enfant chéri, Et, quand cet enfant dort, l’ange seul caresse, Il est le seul à prier près de lui.
Quand l’inflexible mort vient porter le ravage Au sein de la famille et creuser un tombeau, L’ange aux cœurs abattus redonne le courage; Il montre au ciel un avenir plus beau.
Il partage nos pleurs et prend part à nos joies, Il apporte la paix et prévient le danger; De l’homme voyageur il éclaire les voies; Il est toujours prêt à nous protéger.
Il nous suit pas à pas jusqu’à l’heure dernière, Et quand Dieu nous conduit devant son tribunal Il nous soutient encore par sa douce prière Et nous défend contre l’ange du mal.
Alors Satan frémit de rage et de colère, Il regagne écumant l’empire des maudits, Cet empire où jamais ne brille la lumière, Car l’ange et l’homme à Dieu sont réunis. »
...
Note 2
Le tandem Poirier, Bessette & Cie / La Presse allait publier une autre illustration concernant Riel. En effet, le 16 février 1886, La Presse annonçait la parution de l’illustration intitulée « Le dernier jour du condamné » que le public allait pouvoir acheter tout comme le livre et l’illustration offerts en 1885. L’illustration de 1886 était une œuvre de l’artiste Henri Julien.
...
Note 3
Exposition et reproduction du Riel de Chabert / Acarie Aunay/Onnay, 1885.
Expositions :
- Musée de la Guerre, Ottawa, Riel, 1985.
- Musée du Séminaire de Québec, Ils signent l’histoire, 1992-1993.
- Musée McCord, La famille McCord : Une vision passionnée, 1992-1993.
- Musée Amérique française, Québec, L’Amérique française, de 1996 à 1997 (et davantage?).
- Musée McCord, Témoins fragiles, 2002.
- Bibliothèque et Archives Canada, Volte-face : Portraits de Canadiens fascinants, exposition itinérante présentée à l’Ile-du-Prince-Édouard, en Ontario et au Québec, 2012-2013.
Couvertures de livre :
- Rudy Wiebe, Louis Riel, la fin d’un rêve, 1985.
- Terry Barber, Louis Riel, 2006.
- Joseph Boyden, Louis Riel et Gabriel Dumont, 2011.
Addendum
« L’illustration mystère »
Le 12 avril 1986, le quotidien La Presse de Montréal publiait l’illustration que voici montrant Louis Riel « corde au cou » pour faire connaître l’exposition intitulée Métis tenue au Musée McCord. Cette exposition avait été organisée par le Glenbow Museum de Calgary. Or, l’illustration n’a ni figuré à l’exposition ni été reproduite dans le catalogue ni n’est présentement connue au Glenbow et au McCord. D’où vient-elle? Quelle en est l’origine? Nul ne le sait, mais les recherches se poursuivent à son sujet.
© SHSB et Bernard Mulaire, 2018.
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