Cinquante-deux entrées portant sur des artistes francophones
de l’Ouest canadien
Bernard Mulaire, dans David Karel, Dictionnaire des artistes de langue française en Amérique du Nord, Québec, Musée du Québec / Presses de l'Université Laval, 1992 (963 pages)
imprimerBuron, Berthe (Mère Marie-Bernadette de l'Immaculée-Conception) (p. 140)
Née le 18 janvier 1887 à Saint-Boniface (Manitoba), décédée en avril 1986 à Buenos Aires. Peintre, professeur de beaux-arts et religieuse. Berthe Buron était fille de forgeron; sa famille était de Berthier (Québec). Au début du siècle, elle fut l'une des premières femmes francophones nées dans l'Ouest canadien à pouvoir étudier la peinture à un niveau supérieur. Ayant fait le juvénat au couvent des Sœurs franciscaines missionnaires de Marie à Saint-Laurent (Manitoba) - le village de Jean-François Le Goff*, elle décida en avril 1903 d'entrer au noviciat de cette communauté à Québec, où elle côtoya peut-être Véronique Chaboyer*. Ses supérieures reconnurent ses aptitudes pour les beaux-arts, et elle fut assignée aux ateliers de peinture et de broderie, ateliers dont le but était de venir en aide aux missionnaires.
Elle prononça ses vœux sous le nom de mère Marie-Bernadette de l'Immaculée-Conception. Le 4 octobre 1904, elle quitta le Canada pour Fribourg (Suisse), où elle devait se perfectionner en peinture au Technicum, école des arts et métiers rattachée à l'université et que dirigeait sa communauté. La fondatrice voulait assurer à ses sœurs missionnaires une bonne formation afin qu'elles puissent atteindre un haut niveau de culture, ce qui suppose une préoccupation sous-jacente pour la condition féminine.
Comme la première obédience devait venir de la maison générale à Rome, la jeune mère s'y rendit probablement, et il est possible qu'elle y ait fréquenté le grand atelier de peinture de la via Giusti. Ce célèbre atelier allait fournir en 1913 les "arazzi" de la chapelle du Petit Séminaire de Saint-Boniface.
La religieuse peintre travailla d'abord à Marseille, puis à Florence et enfin au Portugal, où elle fut envoyée pour enseigner le dessin, mais elle dut fuir œ pays à l'avènement de la République en 1910. En 1919, elle vogua vers l'Argentine, où on lui réservait la direction des Ateliers d'arts ménagers à Buenos Aires ainsi que l'enseignement du dessin. Nommée supérieure, elle travailla aussi à Mar de Plata, à Serrano (où elle peignit les fresques de la chapelle), à San Fernando et à San Antonio de Arrecondo, avant de retourner à Buenos Aires en 1963. Désignée auprès des jeunes et des étudiantes universitaires, elle se chargea de préparer avec elles, à la fin de chaque année scolaire, des représentations de théâtre et de danse en plein air.
Les règlements de la communauté s'étant adoucis après Vatican II, sœur Berthe Buron visita le Canada en 1967. Elle enseignait alors l'artisanat en Argentine, s'adonnant elle-même à la poterie.
Deux de ses frères ont aussi fait leur marque : Albert, missionnaire jésuite, travailla avec le père Pro au Mexique et Edmond, reçu au Barreau du Manitoba, signa quelques poèmes, dont En nouant sa raquette que Paul Salé de Saint-Boniface a mis en musique (1896); la feuille fut illustrée par M. S. (Salé ?)*. Edmond habita plus tard en France, où il fit carrière comme écrivain, historien et traducteur. On lui doit la traduction française en trois volumes de Imago Mundi.
Sœur Monique LeBrun a publié des notes sur Berthe Buron dans la revue Univers (Québec, novembre-décembre 1981, p. 38).
DAFAMULA 1988.02.27; 1988.03.20; 1988.05.11,12,26; 1988.06.11- FMMMLBMD - PPCLSTB0 (1905.03.15) 75; (1913.08.01) 330 - REPLJT84
© Musée du Québec / Presses de l'Université Laval, 1992.
Toute reproduction ou adaptation est interdite sans l'autorisation de l'éditeur. Les citations doivent indiquer la source.